PROGRAMME - JUIN 2018

"Bien-être, état de conscience optimal et accompagnement psychologique innovant"

Soirée du 8 juin 2018 : Accueil des participants

Journée du 9 juin 2018 : Présentations scientifiques

  • Session du matin

Thématique : Le bonheur : effet de la contextualisation éthique de la pleine conscience, la quête du bonheur et le rôle de la sagesse

1. Elliott Trives (Université de Nice) : La Pleine Conscience en Question : l’Ethique a-t-elle une Fonction ?

La pleine conscience apporte-t-elle des bénéfices similaires quel que soit le contexte éthique et philosophique dans lequel elle est enseignée et pratiquée ? Pour apporter des éléments de réponse empiriques à cette question, nous avons conduit deux études. La première évalue tout d’abord le rôle du fonctionnement du soi, de la bienveillance et de la cohérence avec ses valeurs dans la relation entre pleine conscience et bonheur authentique-durable. Nous avons ensuite comparé les résultats obtenus à ces différentes variables pour des non-méditants, des méditants issus de cycles MBSR et des méditants Bouddhistes. La seconde teste expérimentalement les effets de la contextualisation éthique et philosophique de la pratique sur la perception d’un soi, les affects de bienveillance, les comportements pro-sociaux et le bien-être.

2. Patxi Jaureguiberry (Université de Toulouse) : Le modèle de la quête du bonheur, une théorie de la motivation non-homéostatique.

Les principaux éléments innovants du modèle : (a) redéfinir le Bonheur, distinct du bien-être, comme une nécessité adaptative au sens darwinien issue des capacités d’abstraction ; et, (b) proposer l’existence d’une nouvelle force métamotivationnelle (différente des instincts et des pulsions) : la « force de la quête du bonheur ». Elle serait le moteur des interactions entre « l’explication du monde et de ma place dans le monde », la « représentation subjective du bonheur », et « le bien-être ». Des premières données empiriques seront présentées.

3. Nicolas Pellerin (Université de Toulouse) : Chemins de Sagesse : de la Sérénité au Bonheur.

Après avoir fait une courte revue de la littérature sur la Sagesse en tant qu’objet de recherche en psychologie, nous explorerons les liens qu’elle peut avoir avec le Bonheur au niveau conceptuel et empirique. En particulier nous examinerons le rôle médiateur de la Sérénité sur la relation entre la Sagesse et le Bonheur."

  • Session de l’après-midi

Thématique : État de conscience/fonctionnement psychologique optimal

1. Elsa Rouanet (Université Toulouse) : Étude du bien-être comme fonctionnement cognitif optimisé au travers de la lucidité.

Dans une optique d’étudier le bien-être en tant que construit unique et non plus morcelé, il est possible de l’appréhender en tant que feedback d’un fonctionnement cognitif optimisé. Ce postulat implique que des modes de fonctionnement tels que le quiet ego ou le soi décentré, puisque corrélés au bien-être, soient liés à l’optimisation du fonctionnement cognitif. En abordant cette optimisation comme une forme d’expertise on peut envisager l’étude de capacités permettant le développement de cette expertise. Parmi elles, la lucidité en tant que capacité à rendre accessibles des connaissances métacognitives sur soi.   

2. Catherine Juneau (Université Clermont Auvergne) : Développement d’une échelle d’équanimité : De l’absence de dépendance hédonique à un état mental calme et imperturbable.

Récemment, l’équanimité a été proposé par des auteurs comme un processus global qui serait impliqué dans la méditation de pleine conscience. Compte tenu du manque d’instruments pour mesurer ce construit psychologique, nous avons développé une échelle d’équanimité, composé de deux facteurs. La première dimension correspond à un état mental de calme et de sérénité, peu importe la situation ou l’objet (Desbordes et al., 2015) et la deuxième renvoie à l’absence de dépendance hédonique (Hadash et al., 2016). Une seconde étude a été menée afin de tester l’effet d’une pratique de la méditation de pleine conscience sur ces deux dimensions de l’équanimité. Les implications de ces résultats pour la conception de l’équanimité seront discutées.

3. Michaël Dambrun (Université Clermont Auvergne) : Etat de conscience et cadre de référence perceptif et mental

Plusieurs travaux suggèrent que le fonctionnement psychologique des individus est étroitement relié à leur état de conscience. Par défaut, l’individu est guidé par un biais de centration sur soi dans lequel le soi sert de centre de référence pour une variété d’activités psychologiques et physiques. Au niveau phénoménologique, ce mode implique la perception d’une distinction de type « observateur/observé » dans lequel l’individu se perçoit comme étant relativement séparé de son environnement. Notre fonctionnement psychologique et notre phénoménologie sont-ils dépendants de ce cadre de référence basé sur le soi ? Pour répondre à cette question, nous avons induit en laboratoire un changement du cadre de référence où le niveau d’intégration habituel impliquant le soi était atténué au profit d’un cadre de référence plus large. Les résultats indiquent que l’élargissement du cadre de référence génère de profondes modifications psychologiques aux niveaux cognitifs et émotionnels.

 Journée du 10 juin 2018 : Présentations scientifiques

  • Session du matin

 Thématique : Accompagnement psychologique innovant : le cas de l’addiction, du cancer colorectal, et de la greffe de moelle osseuse

1. Annalee Autie (Université de Strasbourg): Apport d'un programme de pleine conscience à la prise en charge de personnes souffrant d'addiction aux substances psycho-actives.

Ce projet de thèse vise à tenter d’améliorer l’accompagnement thérapeutique de personnes souffrant d’addiction aux substances psychoactives, venant chercher de l’aide de façon volontaire en ambulatoire, auprès d’un CSAPA (Centre de Soins, d’Accompagnement et de Prévention des Addictions). Notre objectif principal est d’intégrer à la prise en charge classique un programme de huit sessions de pleine conscience et d’en étudier les éventuels bénéfices sur le comportement addictif, les rechutes, les cravings (désirs intenses de consommation de substances), le bien-être subjectif global des sujets et leurs position et attitude face à leurs troubles.

2. Sarah Schimchowitsch (Université de Strasbourg) : Evaluation des bénéfices d’un programme d’accompagnement péri-opératoire des patients opérés d’un cancer-colorectal : intérêt d’une prise en charge favorisant le bien-être subjectif sur la récupération post-opératoire.

L’objectif de notre projet est de mettre en place un programme renforçant la qualité de vie pré-opératoire et d’en analyser les effets sur le processus de réhabilitation chez des patients hospitalisés pour une résection d’un cancer colorectal (CCR) dans l’équipe de chirurgie digestive du CHU de Strasbourg. Dans une 1ere étude, nous avons pu montrer que la satisfaction de vie avant l’opération impacte la récupération de ces patients. Il s’agit donc maintenant de proposer un accompagnement favorisant le bien-être et la gestion du stress, avant l’opération et pendant le période particulièrement sensible des 4 jours post-opératoires, et d’en analyser les effets sur des critères subjectifs et objectifs de réhabilitation.

3. Maya Corman (Université Clermont Auvergne) : Programme de prise en charge cognitivo-émotionnelle préventive en pré-greffe de moelle osseuse.

La détresse psychologique et physique dans laquelle se retrouve les patients qui vont bénéficier d’une greffe de moelle osseuse est majeure. La période de pré-greffe est très anxiogène et dépressogène. La période de greffe, durant laquelle les patients se retrouvent en secteur protégé pendant plusieurs semaines peut être également traumatisante étant donné les effets secondaires liés au traitement ainsi que l’isolement. Ainsi, une prise en charge cognitivo-émotionnelle centrée sur la modification des biais attentionnels, couplée à une ouverture aux émotions positives et à la pleine conscience, peut être adaptée pour accompagner les patients durant le processus, à mieux gérer l’évènement.

4. Odile Rohmer et Sarah Schimchowitsch (Université de Strasbourg) : Bénéfices d’un programme d’accompagnement favorisant le bien-être chez des personnes porteuses de déficits moteurs invalidants

Cette recherche-action est le fruit de la collaboration entre un chercheur, un photographe et une animatrice. Elle a été menée auprès de 20 adultes vivant en Maison d’Accueil Spécialisée et porteurs de déficiences motrices très invalidantes sur le plan de l’autonomie aux gestes quotidiens et/ou l’expression verbale. L’objectif du projet a été d’accompagner ces personnes à retrouver et à rechercher activement des situations sources de bien-être pour elles. Les photographies réalisées lors des mises en situation ont permis un regard nouveau, à la fois des participants sur eux-mêmes, leur valeur et leur place, mais aussi du personnel soignant/encadrant interpelé sur son positionnement et son rôle envers les patients.

  • Session de l’après-midi

Thématique : Bien-être au travail et interface vie professionnelle-vie privée

1. Vincent Grosjean (INRS, Lorraine) : Trauma-résilience, stress et dynamique identitaire.

La définition la plus simple de la résilience veut qu’il s’agisse d’une restructuration identitaire consécutive à un trauma. Celle-ci n’est envisagée classiquement que dans des circonstances exceptionnelles. Cela va de pair avec une conception de l’identité comme un construct stable (hors trauma).  Les travaux sur le stress n’entrent pas dans ces considérations liées à l’identité. Nous considérons, à la suite de Lipton (1993), spécialiste du trauma, que les personnes les plus résilientes sont celles qui se sont construit une identité protéiforme, flexible. Nous explorerons les conséquences de cette hypothèse sur la construction du bien-être au travail face à des stresseurs non traumatiques.

2. Marion Inigo (Université Toulouse Jean Jaurès) : Le bien-être à l’épreuve de l’interface vie professionnelle-vie privée.

L’interface vie professionnelle-vie privée peut être source de conflits et de fortes interférences conduiraient à une diminution du bien-être hédonique. Nous avons exploré, auprès de 142 universitaires français, comment différentes formes de bien-être (sens, harmonie, satisfaction et paix intérieure) pourraient être influencées par l’interaction entre ces domaines de vie. Des régressions linéaires ont mis en évidence que les différentes natures de conflits émanant de l’interface affecteraient le bien-être (effets positifs et négatifs de la vie au travail sur la vie privée et réciproquement). Cette étude souligne que d’autres formes de bien-être seraient également sensibles aux interférences entre les domaines de vie.


Liste des participants :

- Annalee AUTIE (Université de Strasbourg, psychologie)
- Marianne CLAVEAU (Formatrice, Ekipeo)
- Maya CORMAN (Université Clermont-Auvergne, psychologie)
- Michaël DAMBRUN (Université Clermont-Auvergne, psychologie)
- Vincent GROSJEAN (INRS, Lorraine, psychologie)
- Marion INIGO (Université de Toulouse, psychologie)
- Patxi JAUREGUIBERRY (Université de Toulouse, psychologie)
- Catherine JUNEAU (Université Clermont-Auvergne et Université Grenoble-Alpes, psychologie)
- Florie MONIER (Université Clermont-Auvergne, psychologie)
- Nicolas PELLERIN (Université de Toulouse, psychologie et philosophie)
- Eric RAUFASTE (Université de Toulouse, psychologie)
- Liliana RICO-DUARTE (Université de Toulouse, psychologie)
- Elsa ROUANET (Université de Toulouse, psychologie)
- Sarah SCHIMCHOWITSCH (CNRS, Strasbourg, psychologie)
- Michel STREITH (CNRS, Clermont-Ferrand, anthropologie)
- Elliott TRIVES (Université de Nice, psychologie)

 

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