L'ENTRAÎNEMENT MENTAL À L'ATTENTION-VIGILANCE

Les rapprochements récents entre la psychologie occidentale et la psychologie orientale, et plus particulièrement certaines traditions méditatives comme celle de l’attention-vigilance (Varela, Thompson & Rosch, 1991), offrent des perspectives nouvelles pour la recherche scientifique en psychologie. Alors que la psychologie occidentale dominante adopte une approche dans laquelle la psychologie humaine est investiguée à travers l’extérieur (i.e. méthode d’analyse à la troisième personne), l’approche de l’attention-vigilance, par exemple, propose à travers différentes techniques d’entrainement mental, d’étudier les processus psychologiques directement au travers de l’introspection (i.e. méthode d’analyse à la première personne). Les travaux récents suggèrent non seulement que les deux approches fournissent des connaissances concordantes (e.g., Dor-Ziderman, Berkovich-Ohana, Glicksohn, & Goldstein, 2013 ; Wallace & Shapiro, 2006), mais qu’elles peuvent également se confronter constructivement, permettant ainsi l’émergence de nouveaux champs d’investigation (e.g., Walsh & Shapiro, 2006 ; Ziegler & Weger, 2018).

L’entraînement mental à l’attention-vigilance a différentes origines et dénominations (e.g., Kabat-Zinn, 1995 ; Nath Hanh, 1991 ; Varela & al., 1991). Généralement, il implique plusieurs pratiques qui représentent chacune une étape pour la pratique de la suivante : (1) l’entraînement à la focalisation attentionnelle sur un objet ; (2) l’observation ouverte moment après moment de l’expérience qui, par un processus de méta-conscience, permet la distanciation/de-identification du contenu de la conscience (pensées, émotions, etc.); et (3) le maintien dans la « pure présence », aussi appelée « pure conscience sans contenu » (Ricard & Singer, 2017).

Ces journées d’étude visent principalement à permettre aux chercheurs d’adopter, tout au long de la journée, l’attention-vigilance comme matrice commune. Cette approche a plusieurs objectifs : tout d’abord, ce type d’entraînement mental permet un mode de communication et de collaboration basée sur une présence consciente qui favorise une qualité de partage et d’écoute. En rythmant le déroulé de la journée, cette pratique favorise le questionnement des schémas d'habitudes et permet, ainsi, d'expérimenter un rapport plus conscient aux différents temps d'activités, formels et informels. Ensuite, les participants sont incités à sonder les processus psychologiques à la première personne tout en intégrant des résultats de travaux réalisés à la troisième personne. Dans une perspective d’intégration des deux perspectives, cela offre la possibilité de questionner leur concordance et la nécessité d’éventuels ajustements en vue des recherches futures (e.g., Ziegler & Weger, 2018). Enfin, l’entraînement mental du type attention-vigilance invite naturellement à questionner la place du chercheur au sein de l’activité de recherche. En effet, cette pratique permet à chacun de sonder ses propres activités psychologiques et leurs éventuelles implications pour l’activité de recherche (e.g., Gilder & Heerey, 2018 ; Varela, 1981 ; Von Foerster, 1974).

Le format d’organisation de ces journées d’étude est novateur. À notre connaissance, l’intégration de la pratique de l’entraînement mental (de type attention-vigilance) à l’activité de la recherche scientifique n’a pas encore été officialisée. Ces journées sont particulièrement ouvertes aux étudiants en master recherche et doctorat, pour leur permettre à la fois de présenter leurs travaux et d'expérimenter, de façon pratique, les effets bénéfiques de l'attention-vigilance démontrés dans la littérature (e.g., Sedlmeier & al., 2012).

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